Le 17 avril 1975, les Khmers rouges sont maîtres de la capitale, faute de combattants. Les responsables gouvernementaux se sont enfuis, aidés par la CIA. Soulagés par la fin des hostilités, les habitants accueillent les "révolutionnaires" dans la liesse. Les combattants prennent possession des points stratégiques de la ville.
Un évènement à peine imaginable va se produire: sous prétexte de bombardements américains imminents, en l'espace de 48heures, les "libérateurs" procèdent à l'évacuation TOTALE de PhnomPenh ! Habitants et réfugiés, soit environ 2,5 millions de personnes, sont déportés de force vers les campagnes du nord et de l'ouest du pays... Personne n'est épargné: les témoins de l'époque rapportent que les malades des hôpitaux se sont retrouvés sur la route dans leur fauteuil roulant !
Un exode qui coûtera la vie à des dizaines de milliers de déportés ( on parle 400 000 victimes), notamment les vieillards et les enfants en bas âge. En quelques jours cette capitale, considérée comme la plus belle d'Asie du Sud-Est, n'est plus qu'une ville fantôme, livrée aux rats et à une poignée de révolutionnaires qui saccagent tous les symboles de la société bourgeoise. La banque d'Etat est dynamitée, les églises sont brûlées, le contenu des magasins est déversé dans les rues... C'est "l'année zéro", aube d'une renaissance totale proclamée par la radio khmère rouge.
Dans la foulée, toutes les villes du Cambodge sont évacuées:on ordonne à la population de gagner les rizières pour se mettre au travail dans le but d'assurer l'autosuffisance alimentaire du"Kampuchéa démocratique", selon la nouvelle appellation du pays. Durant sa déportation, la population est soigneusement triée en trois catégories. Les militaires sont conduits à l'écart pour être exécutés. Fonctionnaires et intellectuels (il suffit de porter des lunettes ou de posséder un stylo), considérés comme suspects, sont envoyés dans des "villages spéciaux". Le reste, classé sous l'appellation de "peuple" est prié de rejoindre son village natal et de se plier aux ordres pour gagner son riz quotidien. Les conditions de travail sont proches de l'esclavagisme: les digues sont élevées à main nue, les charrues sont tirées par des hommes ( les boeufs ayant été tués), les horaires sonT draconiens (10 à 12 h de travail) et les repas limités au strict minimum, voire supprimés au cas où les quotas ne sont pas respectés.



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